Mes lectures

Lectures féminines

Vous le savez sans doute, le 8 mars est la journée internationale des droits de la femme. Pour l’occasion des libraires et blogueurs proposent de lire uniquement des plumes féminines durant le mois de mars. Je dois admettre qu’au quotidien je ne sélectionne pas mes lectures selon le genre de leur auteur mais au final, ce dernières années ça s’équilibre à peu près. Je lis donc déjà pas mal d’autrices contemporaines. Quand on me demande conseil sur les œuvres écrites par des femmes, je n’ai pas trop de mal à répondre, en revanche, on ajoute bien souvent « je voudrais également que le personnage principal soit une femme » et là, je ne sais que rarement quoi répondre ! C’est décidé, ce mois de mars sera donc l’occasion de lire uniquement des livres écrits par des femmes et dans lesquels les femmes sont à l’honneur.

Je publie cet article avec beaucoup de retard. Je change un peu mes plans au passage en en faisant le premier d’une série de listes de lectures à thème. J’en publierai une semaine – chaque lundi – pour vous donner des idées de lecture ou de relecture durant le confinement.

En farfouillant dans ma bibliothèque, je me suis aperçue que beaucoup de livres que j’avais prévu de lire dans un futur plus ou moins proche correspondaient à cette description. Me sont également revenus en mémoire tout à coup beaucoup de livres qui correspondaient à cette description, lus plus ou moins récemment. Je vous ai donc préparé une petite liste des livres que je suis susceptible de lire durant les prochaines semaines, mais aussi de livres déjà lus où vous pourrez chercher l’inspiration si la thématique vous tente. J’ai volontairement choisi des choses très éclectiques et non pas uniquement des livres engagés. Essais, romans, mais aussi BD ou albums jeunesse, j’espère que certains de ces titres vous donneront envie de vous y plonger.

livres

Romans

La couleur des rêves, Rose Tremain
Le prieuré de l’oranger, Samantha Shannon
Le livre des secrets, Fiona Kidman
Agatha Raisin, sale temps pour les sorcières, HC Beaton
Le poids du passé, Charlotte Link
L’aviatrice, Paule McLain
Fille de la campagne, Edna O’Brien
C’est moi qui éteins les lumières, Zoya Pirzad
Si vous recevez cette lettre, Sarah Blake
Voix endormies, Dulce Chalcon

Non fiction

Sorcières, Mona Chollet
Je te vois reine des quatre parties du monde, Alexandra Lapierre
Un ange à ma table, Janet Frame
La femme au temps des cathédrales, Régine Pernoud
Le cri du sablier, Chloé Delaume

BD/Jeunesse

Tamara Drewe, Possy Simmonds
La page blanche, Pénélope Baguieu
Réclamez des contes, Delphine Jacquot
Fées de légende, Anja Klauss et Christine Pompéï
La demoiselle de Wellington, Dorothée Platek

romans, essais

20 titres pour faire honneur aux femmes. Essentiellement des romans puisque ça demeure mon genre de prédilection. Je regrette qu’il n’y ait pas plus de variété dans les origines des autrices, des continents entiers ne sont pas représentés. J’ai pioché dans mes livres en attente, le choix était donc limité. Bien sûr je ne pourrai pas tout lire – d’autant plus que certains sont de sacrés pavés – mais je vais essayer d’en découvrir autant que possible (malheureusement, certains attendront pour cause de confinement loin d’une partie de ma bibliothèque).

Ces dernières années, j’ai découvert beaucoup de romans qui collent à cette thématique féminine que je me suis imposée pour le mois de mars. Certains ont été d’énormes coups de cœur, j’en profite donc pour ajouter une seconde liste avec une sélection de livres à découvrir ou redécouvrir. Des classiques, des livres à succès et d’autres passés inaperçus. Pas de doute, la prochaine fois qu’on me demande un roman écrit par une femme avec une femme comme personnage principal, je saurai cette fois quoi répondre ! J’espère que vous trouverez dans cette grande sélection de coups de cœur des lectures inspirantes.

livres

Romans

Jane Eyre, Charlotte Brontë
Orgueil et Préjugés, Jane Austen
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Harper Lee
L’empreinte de toute chose, Elizabeth Gilbert
Aurora, Kentuky, Carolyn D. Wall
Esprit d’hiver, Laura Kasischke
A l’orée du verger, Tracy Chevalier
La fille du roi des marais, Karen Dionne
Sacrifice, Joyce Carol Oates
Les règles d’usage, Joyce Maynard
Certaines n’avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka
La joueuse de go, Shan Sha
De pierre et d’os, Bérangère Cournut
Reste aussi longtemps que tu voudras, Mélanie Taquet
Les indomptées, Nathalie Bauer
Le courage qu’il faut aux rivières, Emmanuelle Favier
Appelez-moi Lorca Horowitz, Anne Plantagenet
La terre qui penche, Carole Martinez
Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan
Rose-Mercie, Maggy Belin Biais
Les putes voilées n’iront jamais au paradis, Chahdortt Djavann
Notre Dame du Nil, Scholastique Mukasonga
No home, Yaa Gyasi
Si la lune éclaire nos pas, Nadia Hashimi
La huitième vie, Nino Haratischwili
Les vaches de Staline, Sofi Oksanen
Ces instants-là, Herbjorg Wassmo
L’embellie, Audur Ava Olafdottir
Une famille comme il faut, Rosa Ventrella
Maria Vittoria, Elise Valmorbida

Non fiction

La fille au sourire de perles, Clemantine Wamarya
Les rêveurs, Isabelle Carré
Ici le femmes ne rêvent pas, Rana Ahmad
L’écart, Amy Liptrot
La petite fille sur la banquise, Adelaïde Bon
Si c’est une femme, Sarah Helm
L’esclavage raconté à ma fille, Christiane Taubira
Artemisia, Alexandra Lapierre
Camille, mon envolée, Sophie Daull
La vie sans fards, Marise Condé

BD/Jeunesse

Opium, Laure Garancher
Les fiancés de l’hiver, Christelle Dabos
Chimère(s), Melanÿn, Vincent et Christophe Pellinq
La vraie vie d’Agatha Christie, Anna Martinetti et Guillaume Lebeau
Isadora Duncan, Josepha Mougenot et Jules Stromboni
L’oiseau magique, Yveline Féray et Anne Romby
Murmure à la lune, Kim Hyang Yi
La tour du silence, Christine Féret-Fleury
Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh
Lulu, il était une fois une princesse, Lulu Inthesky

Mes lectures

Lecture : quelques déceptions

L’archipel du chien, Philippe Claudel

 

Trois cadavres échouent sur la plage d’une île paisible de l’Archipel du Chien ; une petite île de pêcheurs et d’agriculteurs peuplée d’une poignée d’individus qui se connaissent tous. Révéler la présence de ces malheureux migrants risquerait de compromettre un projet d’hôtel thermal censé raviver l’économie. Le Maire et le Docteur décident d’escamoter les corps.

Couverture de L'archipel du chienDe Philippe Claudel, j’avais adoré Le rapport Brodeck, seul roman que j’ai lu de lui, bien que Les âmes grises attendent sur mes étagères depuis près de 15 ans (à tel point que je les avais oubliées, et j’avais même oublié que c’était de lui). Les migrants, le communautarisme, le sujet de celui-ci me tentait bien et je ne doutais pas une seconde que l’auteur de traiterait avec brio. Ou plutôt devrais-je dire avec tact. Sauf que cette fois, je n’ai pas réussi à rentrer dans son univers. C’est sombre, c’est mesquin, c’est petit, c’est terriblement humain en somme. Je ne doute pas qu’au final ce soit une peinture au vitriol de notre société mais je n’ai pas du tout réussi à m’intéresser à cette histoire qui m’a agacée plus qu’autre chose. Sans doute parce que tous les personnages m’étaient antipathiques cette fois, je n’ai pas trouvé grand chose à quoi me raccrocher. Je suis totalement passée à côté de ce texte. Dommage.

La plupart des hommes ne soupçonnent pas chez eux la part sombre que pourtant tous ils possèdent. Ce sont souvent les circonstances qui la révèlent, guerres, famines, catastrophes, révolutions, génocides. Alors quand ils la contemplent pour la première fois, dans le secret de leur conscience, ils en sont horrifiés et ils frissonnent.

Au rendez-vous des élégantes, Susana Lopez Rubio

 

La Havane, 1947. Patricio débarque à Cuba. Débrouillard, le garçon trouve vite ses marques. Après avoir été cireur de chaussures puis vendeur de billets de tombola, le voilà homme à tout faire à El Encanto, prestigieuse enseigne de la ville, qui rivalise avec les grands magasins parisiens. Patricio apprend vite, il gravit les échelons. D’autant qu’il veut éblouir la mystérieuse Gloria, la plus belle femme de l’île, et sans doute aussi la plus inaccessible puisqu’elle est mariée au chef de la mafia… 

Couverture du roman Au rendez-vous des élégantesLe résumé de ce livre me tentait bien : Cuba après guerre, un jeune immigré espagnol qui cire des chaussures pour gagner sa vie avant de devenir vendeur dans un grand magasin et de tomber sous le charme de la femme la plus inaccessible de ville, mariée au chef de la mafia ; tout ça me semblait plutôt sympathique. Bien que je ne sois pas une adepte de romance, le contexte historique et le décor cubain me semblaient être l’assurance de passer un bon moment. Malheureusement, le résultat s’est avéré assez décevant. Pour commencer, ce n’est pas très bien écrit. Le style est plat et sans grand intérêt. Le reste est à l’avenant. Le personnage de Patricio est sympathique mais c’est bien là le seul point fort du roman. Le contexte historique et social n’est quasiment pas évoqué (alors qu’il y avait pourtant là un sujet passionnant !), les personnages manquent cruellement de profondeur et plus on avance dans le roman, plus leurs relations deviennent improbable, perdant au fil des pages toujours plus en crédibilité – et en intérêt. C’est dommage, il y avait un beau potentiel qui est bien mal exploité. Si ça se laisse lire sans déplaisir, c’est loin d’être un grand roman.

Ma mère me disait souvent : « Quand on né sous une bonne étoile, il faut être reconnaissant. » Et je crois que personne n’était né sous meilleure étoile que la mienne.

Maudits, Joyce Carol Oates

 

En juin 1905, dans la petite communauté anglo-saxonne de Princeton, Annabel Slade est enlevée le jour de son mariage. Le coupable pourrait être le diable en personne. D’autres événements surnaturels ont lieu dans ce qui fut un havre de paix. Les victimes qu’ils soient politicien, directeur d’université ou écrivain sont sujettes à des visions maléfiques.

Couverture de Maudits de Joyce Carol OatesJ’ai découvert Joyce Carol Oates il y a quelques années et je suis de suite tombée amoureuse de sa plume acérée. Un univers sombre et un regard sur le monde d’une grande justesse. Elle décortique nos sociétés sans concessions. Ses textes sont toujours sombres et tranchants, on n’en ressort jamais tout à fait indemne. Quand mon amie Catherine m’a offert celui-ci, j’ai donc été très touchée par ce cadeau. J’ai attendu longtemps pour me lancer parce que c’est tout de même un sacré pavé. J’ai donc prévu un moment où j’avais du temps pour me poser et savourer ma lecture. Et là, c’est le drame… pour la première fois, je n’ai pas du tout accroché avec le style de l’auteur ! Je l’ai trouvé vieillot et affecté. L’univers ne m’a guère plus emballée. La structure du roman est très lourde, avec un auteur fictif qui commente son propre texte. Ca manque de subtilité et rend le texte assez pénible à lire. C’est terriblement ampoulé. J’ai abandonné au bout d’une centaine de pages, cette lecture était un vrai supplice. Le pire étant que je m’en veux terriblement de ne pas avoir aimé…

Une grosse cloche sonnait les heures. Un son qui semblait résonner sous les eaux, de même que nous semblions les habitants d’une mer ancienne.
Et parfois ce son était creux, morne, oppressant et sourd, comme s’il venait de l’intérieur, de la moelle de nos os.

Pour l’amour des livres, Michel Le Bris

 

Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par dautres en chemin, dessinant peu à peu un visage à linconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable ? Ils nous sont, si lon y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi.

Couverture de Pour l'amour des livres de Michel le BrisEh voilà, je me suis encore faite avoir, il y avait le mot « livres » dans un titre et j’ai cédé à l’appel de la curiosité. Il faut dire aussi qu’à priori Michel Le Bris est plutôt une valeur sûre, je ne prenais pas grand risque. Sauf celui de m’ennuyer à périr visiblement. Il énumère sans fin les livres qu’il a aimés, quand ? comment ? pourquoi ? les rencontres qui en ont découlé, l’impact qu’à eu la lecture sur sa vie. J’ai eu le plus grand mal à m’y intéresser. C’est érudit et compassé. J’ai trop souvent eu l’impression d’un étalage de culture sans fin (même si effectivement la culture de l’auteur ne fait aucun doute). J’ai trouvé ça très égocentré, le texte peine à prendre de la hauteur et donner un aspect universel au propos. C’est bien écrit et il y a quelques jolis passages, mais l’ensemble m’a paru assez vain.

Evidente, l’oeuvre d’art n’en reste pas moins à jamais intraduisible, inexplicable, indicible par quelque autre langage- puisqu’elle ne renvoie qu’à elle-même.

Au-delà des frontières, Andréï Makine

 

Un jour, nous nous sommes croisés près d’un lycée-une cohue d’enfants de bobos qui fumaient, assis sur le macadam souillé de crottes, écoutaient du rap sur leur portable, salivaient en se faisant des bises. Bien nourris, orduriers de langage, infects dans leurs corps qui avaient déjà tout goûté sans aimer. Cette moisissure allait gagner les médias, l’enseignement, les partis politiques.

Couverture du roman Au-delà des frontièresUne de mes plus cruelles déceptions depuis bien longtemps ! Voire même depuis toujours… S’il m’arrive bien sûr de lire des livres que je ne trouve pas terribles, voire même parfois des livres qui me tombent des mains, des livres qui m’agacent ou me mettent en colère, il est beaucoup plus rare que cela provienne de ceux dont j’ai le plus attendu. Andréï Makine est l’un de mes auteurs contemporains favoris. J’ai lu quasi tous ses romans, je les ai tous aimés. A différents degrés bien sûr, certains sont plus réussis que d’autres, plus touchants, mais dans l’ensemble, aucune déception majeure à signaler en plus de 15 ans. Certains de ses romans m’ont fait pleurer, j’aime la délicatesse de son style et les thèmes qu’il aborde. J’ai même songé à lui consacrer une thèse si je devais en faire une un jour ! J’attendais avec impatience ce nouveau livre, comme toujours. Et j’ai été terriblement déçue. Pire que ça même. Je n’ai pas les mots pour exprimer ma désillusion. Je n’ai pas retrouvé la beauté de son style, c’est terriblement pompeux et pédant. Tout sauf une partie de plaisir. Quant à l’histoire, il y a une mise en abîme pas très fine et plus dérangeante qu’autre chose, sur fond de thèses puantes et de grand remplacement. Je ne saurais dire le positionnement de l’auteur et le sens de son propos, ce qui m’a mise profondément mal à l’aise. A tel point que je me suis demandée si je ne devrais pas regarder toute son œuvre sous un autre œil… Je n’ai pas réussi à aller au bout de ce livre nauséabond.

Je suis alors frappé par cette évidence : racisme et antiracisme, passéisme et révolution, laïcisme et fanatisme, cosmopolitisme et populisme sont deux moitiés d’une même scène où s’affrontent les acteurs, incapables de quitter ce théâtre. Or, la vérité de l’homme est en dehors des tréteaux !

Le voleur d’eau, Claire Hajaj

 

A la mort de son père, Nick, un jeune architecte idéaliste, décide de quitter sa confortable vie londonienne pour faire du bénévolat en Afrique. Dans un village isolé à la lisière du Sahara, il a pour mission de bâtir un hôpital pour enfants. Mais immergé dans une culture différente, il perd ses repères. Lorsqu’il se rend compte que la construction d’un puits pourrait sauver les habitants, il prend une décision qui aura de tragiques conséquences dans la vie de tous ceux qui l’entourent.

Couverture du roman Le voleur d'eauSur le papier, ce livre avait tout pour me plaire, exactement le type d’histoire que j’aime bien, à la découverte d’une autre culture. Dès le début, j’ai eu du mal avec le style, j’ai trouvé ça assez mal écrit (mal traduit peut-être ? voire les deux ?). Ce n’est pas vraiment mauvais mais plutôt maladroit, un peu bancal, pas très agréable à lire en somme. Le personnage principal – un jeune blanc bec en pleine crise existentielle qui débarque comme un sauveur – m’a profondément agacée même si on ne peut nier qu’il est assez crédible (sauf peut-être sur les raisons assez floues de son départ). Ses relations à la famille qui l’accueille m’ont laissée perplexe, je les trouve assez peu réalistes, elles auraient surement mérité d’être construites avec plus de finesse. J’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. Sans avoir rien de spécial à reprocher à ce roman, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup mieux dans le même style. Le tout est assez lourd et pas particulièrement palpitant, je n’en suis pas venue à bout, ne parvenant pas vraiment à être convaincue par ce qu’il s’y passait.

Mes lectures

Désert solitaire

          À la fin des années 1950, Edward Abbey travaille deux saisons comme ranger dans le parc national des Arches, en plein cœur du désert de l’Utah. Lorsqu’il y retourne, une dizaine d’années plus tard, il constate avec effroi que le progrès est aussi passé par là. Cette aventure forme la base d’un récit envoûtant, véritable chant d’amour à la sauvagerie du monde, mais aussi formidable coup de colère du légendaire auteur du Gang de la Clef à Molette.

          Mon amour pour Edward Abbey a commencé il y a bien longtemps déjà, lors de mes premières années de fac, avec son fameux Gang de la clef à molette. Depuis j’ai lu quelques autres ouvrages de cet écologiste convaincu et grand amoureux de sa terre natale, jamais il ne m’a déçue. Et chaque fois, j’ai refermé ses romans avec l’envie d’aller découvrir les paysages arides qu’il décrit avec tant d’amour. Quand j’ai ce texte à la librairie, j’ai donc sauté dessus. Toujours édité chez Gallmeister, évidemment, ce qui ne gâche rien au plaisir (si vous ne les connaissez pas et que vous aimez les grands espaces, piochez n’importe quel livre dans leur collection, vous avez bien peu de chances d’être déçus).

Couverture de Désert solitaire d'Edward Abbey

          Présenté comme l’ouvrage qui a fait découvrir l’auteur et qui serait depuis devenu un classique du genre, je n’en avais jamais entendu parler. En même temps, je suis loin d’être une spécialiste. Toujours est-il que j’étais curieuse. Ca pouvait vraiment être plus percutant que le Gang de la clef à molette ? Je ne demandais qu’à être convaincue. Bon, je vous le dis de suite, ça n’a en réalité que peu de rapport surtout. Le premier est un roman à l’humour grinçant, le texte ici présent est plutôt un journal mélancolique et assez peu optimiste quant à l’avenir (ah Edward Abbey, ce fameux boute en train !).

          J’ai trouvé certains passages splendides, d’autres un peu arides (sans mauvais jeu de mots). C’est un peu inégal. Il faut dire que le texte a été écrit à différents moments et constitue grosso modo un assemblage de journaux tenus par l’auteur lorsqu’il était ranger dans le parc des Arches, avec quelques réflexions ajoutées a posteriori, au moment de l’édition (soit 10 ans après l’écriture de la plupart des passages). Le tout est un genre d’essai écologiste assez visionnaire et plutôt pessimiste. J’ai beaucoup aimé le début de ce texte. Même si l’écriture est moins travaillée que pour les romans de l’auteur j’ai retrouvé avec grand plaisir sa manière si minutieuse et pleine d’émerveillement de décrire le paysage qui l’entoure. On peut difficilement imaginer plus belle déclaration d’amour au désert.

          De suite, peut-être plus encore que dans ses autres textes, ce livre m’a donné envie de partir illico découvrir les paysages décrits. Sauf que bien rapidement la prise de conscience tombe : l’univers que nous décrit Edward Abbey n’existe plus vraiment. Ce qu’il nous raconte avec fort peu d’optimisme quant à l’avenir, c’est un monde sur le déclin, que le tourisme de masse (alors en devenir aux Arches) est amené à détruire. A moins que ce ne soit l’industrie minière ou les barrages hydro-électriques qui s’en chargent. Toujours est-il qu’il y a 50 ans déjà, cet écosystème très fragile et encore préservé était mis à mal. L’auteur nous raconte avec tout la mélancolie dont il est capable – une forte dose donc – un monde sur le point de disparaître.

Portrait d'Edward Abbey

          Page après page, ce texte m’a plongée dans un état assez douloureux. Il m’a filé un sacré bourdon. On ne peut pas dire qu’il transmettre la joie de vivre, ça donne plutôt l’envie d’aller se terrer dans un coin aussi éloigné que possible de l’humanité. L’auteur n’est pas exactement un optimiste né mais j’ai bien peur qu’il ait tapé assez juste concernant ses prévisions (il faut dire que pas mal d’aménagements étaient déjà en cours à l’époque et ça ne se présentait pas exactement bien). Ca pose pas mal de questions sur le développement touristique et/ou économique des régions les plus préservées dont on ne peut pas dire que l’auteur en soit un fervent défenseur. Il est plutôt très conservateur en matière d’environnement. Si je partage bon nombre de ses idées, je trouve le sujet assez complexe et son point de vue est intéressant à défaut d’être complet. L’arrivée massive de touristes signe forcément la fin d’un monde, au moins en partie.

          Je me suis demandée ce que ça me ferait si un jour mon petit coin de montagne devenait plus accessible. Le cerf ne viendrait certainement plus brouter dans le jardin, ce serait plus bruyant, lumineux et peuplé. Ce ne serait plus rien qu’à moi ou presque. Ca me rendrait profondément triste. Mais j’ai également conscience d’être privilégiée et je comprends que d’autres veuillent avoir accès à la nature, tout comme je comprends – mais n’approuve pas franchement – les enjeux économiques qui peuvent pousser à un développement touristique qui laisse bien souvent de côté l’aspect environnemental. Peut-être qu’un jour j’aurai la chance d’aller admirer les Arches, mais je ne les verrai jamais sauvages et quasi vierges de toute présence humaine. Ce texte m’a rendue profondément nostalgique d’un monde que je ne connaîtrai jamais autrement que par les mots. Ca m’a fendu le cœur. Beau et déchirant.

Parc des Arches, Utah

Nous avons besoin de la nature, que nous y mettions le pied ou non. Il nous faut un refuge même si nous n’aurons peut-être jamais besoin d’y aller. Je n’irai peut-être jamais en Alaska, par exemple, mais je suis heureux que l’Alaska soit là.

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Lorsqu’un homme ne peut que craindre de boire l’eau des rivières et des torrents de son pays, alors ce pays ne vaut plus la peine qu’on y vive.

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Le Congrès répond toujours présent lorsqu’il s’agit de dégager des fonds pour toujours plus de routes plus grandes partout, surtout si elles forment des circuits.
L’industrie pétrolière adore les circuits, qui ramènent l’automobiliste exactement à la station-service d’où il était parti.

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La spéculation: là était le vrai filon. Et l’argent se déversait à flots de tout le pays; l’argent de ceux, toujours nombreux dans notre société, qui brûlent de vivre du travail des autres, qui brûlent de récolter ce qu’ils n’ont pas semé.

Mes lectures

Les ratés de l’automne

          A l’automne, j’ai comme chaque année lu un certain nombre de romans de la rentrée littéraire. Je vous ai déjà parlé de ceux que j’avais plus ou moins aimés. Il m’en reste 3 ou 4 à lire que je n’ouvrirai sans doute jamais, les sorties de janvier puis de juin étant venues s’y ajouter depuis. J’ai même déjà reçu les premiers romans de la rentrée 2018. Il est donc plus que temps de vous parler des quelques déceptions et moments de perplexité rencontrés lors de la rentrée 2017.

Des hommes qui lisent, Edouard Philippe

 

          Lorsque je regarde ma bibliothèque, je vois ce que j’ai appris et une bonne partie de ce que j’aime. Ces livres m’ont construit. Des romans, des essais, des manuels, des bandes dessinées, le tout mélangé, mûri ou oublié, redécouvert et discuté. Une bibliothèque est comme le « lieu de mémoire » de notre existence. Elle nous chuchote d’anciennes joies, murmure nos lacunes et trahit des promesses de lecture.

Couverture de Des hommes qui lisentPédant et nombriliste. Si j’avais fait le lien entre notre Premier Ministre et ce livre, je ne l’aurais clairement jamais ouvert (et j’aurais bien fait). Mais sur le moment, j’ai été attirée par le titre, par le sujet, tout ça, je n’ai absolument pas fait le rapprochement. Surtout que bon, au moment où j’ai reçu ce livre, sa nomination était encore toute fraîche, je n’étais pas familiarisée avec le nom (je ne le suis toujours pas tout à fait à vrai dire). Bref, il y a eu une grave erreur de casting. Dès les premières pages j’ai détesté. Ce que j’ai retenu de ce livre ? « Moi je, moi je, moi je ». Le mec, sait tout, a tout fait, se croit au-dessus de tout le monde. Totalement imbu de lui-même. Style ? bof. Et encore, je suis sympa. Teneur intellectuelle ? proche du néant. Intérêt global ? Aucun.

Lire rend libre. Plus encore que sous les ors de ses palais, la République vit dans ses bibliothèques.

Le ciel ne parle pas, Morgan Sportes

 

          1609 : Christóvão Ferreira, jeune jésuite portugais plein de ferveur chrétienne, débarque à Nagasaki. Accueillis d’abord avec sympathie, les missionnaires sont bientôt suspects aux yeux des shoguns Tokugawa. Il a alors le choix : mourir en martyr comme tant de ses semblables ou apostasier et travailler dans les rangs de l’Inquisition nippone…

Couverture du Le ciel ne parle pasTrès bien écrit mais chiant. Autre genre totalement. Ici l’écriture est pour le moins chiadée. Franchement, côté style ça envoie du pâté. L’histoire est plutôt intéressante aussi. Ou devrait l’être, je ne sais pas trop. En tout cas c’est intriguant et inhabituel, ce qui est déjà beaucoup. Malheureusement, la mayonnaise de prend pas à tous les coups, même avec les meilleures intentions. Je n’ai pas accroché. C’est assez lent, trop tarabiscoté à mon goût et bon, disons-le bien, je suis au niveau zéro de la spiritualité, la religion a une fâcheuse tendance à m’ennuyer profondément. Dommage, il y avait du potentiel. Mais n’hésitez pas à aller y jeter un œil si l’histoire vous attire, le style mérite le détour.

La croix japonaise, par tant d’aspects, est combien préférable à la croix romaine, combien plus soucieuse du confort du crucifié, ou, pour employer un terme technique, combien plus ergonomique ! Plus humaine, pour tout dire.

La Fontaine : une école buissonnière, Erik Orsenna

 

          Depuis l’enfance, il est notre ami. Et les animaux de ses Fables, notre famille. Agneau, corbeau, loup, mouche, grenouille, écrevisse ne nous ont plus jamais quittés. Malicieuse et sage compagnie ! Mais que savons-nous de La Fontaine, sans doute le plus grand poète de notre langue française ?

Couverture de La Fontaine une école buissonnièreTourne autour du pot. J’aime généralement bien Erik Orsenna et la légèreté de sa plume, son côté bienveillant, son amour des mots. C’est parfois un peu trop « facile » mais au fond ça reste toujours sympathique. J’avais beaucoup aimé sa biographie de Le Nôtre, c’est d’ailleurs avec ce texte que je l’ai découvert. Comme j’aime beaucoup La Fontaine et que c’est la même époque, j’étais séduite d’avance. Bon, encore une fois, la théorie et la pratique ont refusé de se rejoindre. Ca tourne en rond pendant trois plombes sur l’enfance de La Fontaine, ça se perd en digressions sans le moindre intérêt, j’ai carrément fini par lâcher l’affaire avant qu’on en arrive au cœur du sujet (mais y arrive-t-on seulement un jour ?). L’arnaque totale. Une des plus grosses déceptions de cette rentrée.

Quand vous voulez la vérité, allez recueillir les propos des crapules. La morale ne les embarrassant pas, ils n’ont pas leur pareil pour toucher juste.

Au nom des nuits profondes, Dorothée Werner

 

          Au début, tout était à sa place. Comme dans les bonnes familles, en parfaite baby-boomeuse, sa mère était passée de fille à papa à femme au foyer. D’abord fière de sa grossesse, et puis désemparée par la maternité. Convaincue de l’infériorité intrinsèque de son sexe, absente à elle-même comme aux autres, elle passait son temps à se plaindre d’un quotidien qui ne valait pas le mal qu’elle se donnait pour le vivre. Et puis tout a volé en éclats.

Couverture de Au nom des nuits profondesDécousu et illisible. Le thème de ce roman me tentait beaucoup. En plus ça avait l’air poétique, original et tout, ça a avait vraiment l’air chouette. Sauf que je n’ai rien compris. Pas un traitre mot. Je serais bien infoutue de dire de quoi ça cause. C’est totalement décousu et incohérent. J’ai lu ça un peu comme j’aurais lu dans une langue inconnue, juste pour me laisser porter par sa musique, mais bon, même ça ça ne m’a pas vraiment convaincue. C’est peut-être moi qui n’étais pas dans de bonnes dispositions sur ce coup, c’est tout à fait possible (ce ne serait pas une première non plus). En tout cas il est clair que je suis totalement passée à côté. Incompréhensible. Mon plus gros moment de perplexité de la rentrée.

L’enfance est un mirage et l’enfant se souvient de la tienne sous sa peau, jusqu’aux bruits et aux odeurs.

Les vents noirs, Arnaud de la Grange

 

          Au début du XXe siècle, entre la Sibérie et le désert du Taklamakan, paysages grandioses dont la démesure fait écho à celle des passions humaines, un homme part sur les traces d’un autre. Le lieutenant Verken doit, pour le compte du gouvernement français, arrêter un archéologue explorateur, Emile Thelliot.

Couverture de Les vents noirsBien écrit mais décousu. Je suis embêtée de mettre ce roman parmi les ratés parce qu’il ne l’ait pas vraiment. C’est juste que je ne sais pas trop quoi en dire donc faute de lui consacrer un article entier, il s’est un peu retrouvé ici par hasard. J’en suis désolée. C’est plutôt très bien écrit et l’histoire ne commençait pas mal non plus. D’ailleurs j’en suis venue à bout sans trop de peine. Mais je n’ai pas bien compris où l’auteur voulait en venir. Le sens, le but, le message ? Je n’en ai pas la moindre idée. J’ai trouvé que tout ça était un peu vain. Heureusement que le style maîtrisé vient compenser un récit qui ne semble mener nulle part. Et c’est super dommage parce qu’il y avait un gros potentiel. Plus que réellement raté, on dira quelque peu incompris.

La terre parfois semblait se redresser sur ses coudes, comme si elle voulait se débarrasser d’une agaçante nuée de sapins posée sur son dos. Elle se faisait colline, elle devenait rocheuse. Puis, elle s’allongeait de nouveau sous son drap ivoirin.

Votre fatwa ne s’applique pas ici, Karima Bennoune

 

          Deux ans après les attentats du 13 novembre, les éditions Temps Présent publient la traduction de l’enquête exceptionnelle menée par Karima Bennoune pendant plusieurs années dans le monde musulman. Elle dresse le portrait d’opposants aux fondamentalistes islamistes dans de nombreux pays.

Couverture de Votre fatwa ne s'apllique pas iciPompeux et égocentrique. Le premier et le dernier essai lus cet automne auront de loin été les pires lectures de la rentrée. J’ai lu pas mal de choses sur le djihadisme, beaucoup de témoignages notamment, et jusque-là même quand le style n’était pas terrible, j’ai toujours trouvé ça super intéressant. Mais là ? C’est imbuvable. Je ne sais pas quel mystère l’auteur parvient à tout ramener à elle, ses recherches, son travail. Le pire de l’écriture universitaire condensé dans cet ouvrage. Ca m’est tombé des mains. A tel point que mon cerveau avait effacé toute trace de cet ouvrage de ma mémoire. C’est surement très intéressant sur le fond (je ne le saurai jamais) si on arrive à passer le cap du style. Vraiment pas ce qu’on fait de plus digeste sur le sujet…

          Parmi mes auteurs américaines favorites, deux sortaient des romans autobiographiques cet automne : Joyce Maynard avec le récit de la maladie de son mari et Joyce Carol Oates avec l’histoire de son enfance. Malgré tous mes efforts, je n’ai pas du tout accroché avec le premier, dont je vous parle ici. J’ai à peine lu quelques pages du second avant de de comprendre que clairement ce n’était pas le moment. A vrai dire je ne suis pas sure qu’il y ait beaucoup de moments où les histoires de famille me passionnent mais là il était clair que ça allait m’agacer très vite, je retenterai donc ma chance ultérieurement. Dans la série mauvaise pioche, le dernier Jean-Louis Fournier, on ne peut pas dire qu’il se soit foulé… Dans l’ensemble, la rentrée littéraire 2017 n’aura pas été un très bon cru pour moi avec assez peu de coups de cœur, espérons que j’aurai plus de chance avec celle de 2018.

Mes lectures

L’empire de la Lune d’été

          Le livre de S.C. Gwynne retrace l’ascension et le déclin des Comanches, qui régnèrent sur les Grandes Plaines du Sud pendant plus de deux siècles. Cavaliers et guerriers hors-pair, craints par les Espagnols, les Français et plus tard les Mexicains et les Américains, ils ont mené une lutte acharnée pour défendre leur territoire face à l’envahisseur blanc. Un homme incarne par-dessus tout cette résistance : Quanah Parker. Dernier et plus grand chef de la tribu.

          On m’a prêté ce livre de Sam C. Gwynne il y a très longtemps et je ne l’avais jamais sorti de ma bibliothèque. A vrai dire, je ne savais même pas de quoi il parlait. Je l’ai attrapé au hasard un jour où tous les romans que je commençais me tombaient des mains. J’aurais voulu un texte léger, je n’aurais pas pu plus m’en éloigner ! C’est violent à souhait, souvent déprimant et  à désespérer de l’espèce humaine. Pourtant, j’ai de suite bien accroché avec cette lecture parfois un peu aride mais absolument passionnante sur les Comanches.

Couverture de l'Empire de la Lune d'été

          Si je m’intéresse à l’histoire des indiens d’Amérique que je trouve absolument fascinante, je dois bien admettre que mes connaissances sont pour le moins lacunaires. Cet essai passionnant aura donc été l’occasion d’apprendre plein de choses. Il couvre une large période et permet de mettre en avant les mécanisme qui ont permis l’essor de la culture comanche, mais également ceux qui ont mené à sa perte. Beaucoup des faits évoqués dans cet essai m’étaient totalement inconnus et j’ai trouvé intéressante la manière dont l’auteur soulignait les grands axes de l’histoire comanche. Toutefois, le récit couvrant une large période, j’ai également trouvé qu’il n’était pas toujours facile de s’y retrouver, notamment dans les liens entre les guerriers qui reviennent le plus souvent, même si l’essentiel du récit se construit autour d’une seule et même famille.

          Ce texte évoque de très nombreux sujets relatifs à l’histoire des Comanches et c’est parfois difficile de bien intégrer toutes les informations. Quand j’entends que « ça se lit comme un roman », je mettrais toutefois un petit bémol. Certes, l’histoire de la famille qui sert de fil rouge au texte est on ne peut plus romanesque, toutefois, il n’en demeure pas moins assez aride par moments. Je ne suis pas sure non plus d’avoir toujours bien saisi le point de vue de l’auteur, parfois un peu perturbant sur la lutte contre les indiens. Cet essai extrêmement bien documenté est dans l’ensemble agréable à lire et s’avère passionnant malgré un fourmillement d’informations et quelques longueurs.

Portrait de Sam C. Gwynne

À de nombreux égards, ils étaient des chasseurs-cueilleurs typiques. Mais, même parmi ces peuples, les Comanches avaient une culture remarquablement simple. Ils ne pratiquaient pas l’agriculture, n’avaient jamais abattu d’arbres, tressé de paniers, réalisé de poteries ou construit de maisons. Le groupe de chasse constituait à peu près leur seule organisation sociale. Ils n’avaient ni sociétés de guerriers, ni classe de prêtres permanente, ni danse du Soleil.

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L’agent de ce stupéfiant changement fut le cheval. Ou, plus précisément, ce que cette tribu de chasseurs arriérée de l’âge de pierre fit du cheval – un outil de transformation extraordinaire qui eut autant d’impact sur les Grandes Plaines que la vapeur et l’électricité sur le reste de la civilisation.